Exclu : Stéphane Lannoy revient sur sa finale de Coupe de la Ligue et évoque l'avenir de l'arbitrage !

Stéphane Lannoy livre ses sentiments sur l'arbitrage français et sur son erreur lors de la finale de Coupe de la Ligue entre l'Olympique Lyonnais et le Paris Saint Germain.

Comment avez vous vécu cette finale ?

Je vis toujours mal une soirée avec une contre performance. Je suis intervenu à tort sur le résultat du match. Je ne voulais pas m'expliquer dans la foulée devant les caméras.

Que vous a dit Jean Michel Aulas, le président de l'Olympique Lyonnais ? ( le président lyonnais a refusé de serrer la main à Stéphane Lannoy après la rencontre)

Il me dit que c'est un scandale, il n'a pas eu un bon comportement. Je peux comprendre la déception et la frustration quand on est victime d'une injustice mais il y a des comportements de dirigeants qui sont inacceptables surtout devant les caméras de France 2. J'ai écrit un rapport devant la commission de discipline au sujet du président lyonnais. Concernant Rémi Garde ça devient coutumier du fait. J'aimerais bien qu'on prenne en compte que nous jugions les actions en temps réel. J'ai même entendu dire qu'il n'y avait pas faute du gardien lyonnais (voir vidéo ci-dessous) si c'est le cas, je veux bien ré-apprendre à arbitrer.

L'arbitre près du but vous signale quelque chose ?

Lui ne peut pas voir l'action, il est à 17 mètres de l'action c'est impossible pour lui. Il n'a pas la ligne en face de lui. Pour moi, le seul doute sur cette action concernait la couleur du carton pour le gardien lyonnais. J'étais persuadé que la faute avait lieu sur la ligne de surface de réparation. Ma décision n'est pas juste. Il y a une difficulté à arbitrer vu que cette action a lieu dans les airs.

A votre avis, pourquoi il n'y a pas d'arbitres au Mondial ?

La réponse est simple, j’étais le seul candidat potentiel pour le mondial 2014. Alors que certains pays avaient 2 candidats. Les candidats sont choisis par la FIFA grâce au classement au niveau international. Aujourd'hui je suis le seul. Ce n'est pas une question de qualité, pour atteindre la plus haute catégorie il faut du temps. Il faut 4 ans pour accéder à la catégorie élite qui permet d'être candidat pour le Mondial. J’étais le seul à être dans la catégorie élite. Toutes les performances terrain, les notes que j'ai eu ( matchs de coupe d’Europe, matchs de qualifications pour le mondial) ont été satisfaisantes et encourageantes. Le processus de sélection s’effectue 2 ans avant, et j'ai été blessé à ce moment là. A 44 ans, quand on s’arrête 4 mois, il est difficile de revenir au plus haut niveau, ça demande du temps. C'est pour ça que la France n'a pas d'arbitre au mondial.

Vous êtes pour l'arbitrage vidéo ?

J'ai testé la goal line technology ( consiste à savoir si le ballon a franchi la ligne de but grâce à la vidéo) sur un match amical à Wembley, je n'ai pas eu à l'utiliser mais dans ce cas de figure, c'est quelque chose qui est incontournable. Un arbitre additionnel à côté du but pourra difficilement dire si le ballon est rentré si le gardien cache le ballon.

J'ai évolué sur le cas de la vidéo pour les hors jeu, j'ai entendu le fait qu'il ne faut pas un football riche avec la vidéo et pauvre pour le football amateur qui n'a pas accès à la vidéo. L'objectif est d'être le plus juste. Il faut un juste équilibre entre les technologies et un arbitrage humain. C'est fou, qu'on n'utilise pas les technologies au 21 ème siècle. Je suis pour, dans des cas précis, par exemple si l'arbitre assistant juge qu'il n'y a pas de hors jeu et qu'après il y a but, nous aurons le temps de voir la vidéo pour savoir si le but est valable avant de reprendre sur le coup d'envoi. Sur la faute d'Anthony Lopes en finale de Coupe de la Ligue, j'aurais eu le temps de voir si il y avait penalty ou pas.

Pour faire avancer la cause de l'arbitrage, seul l'international board peut prendre la décision de l'arbitrage vidéo.

Comment a évolué votre façon d'arbitrer avec les années ?

Je pense qu'on essaie d’être plus ouvert à la discussion, plus psychologue et de ne pas siffler des petites fautes. Maintenant, si on voulait vraiment aider l'arbitrage, il faudrait que l'ensemble des arbitres soient professionnels, je ne vous parle pas d'argent. C'est de parler d'égal à égal. Il n 'y a que les arbitres qui ne soient pas professionnels. Ça ne choque personne.

J'invite les joueurs, dirigeants, entraîneurs à plus de retenue. Ces gens-là, je les entends au niveau européen. Ça ne rend pas service au football amateur de parler comme certains le font.

Le comportement des joueurs a changé vis à vis de vous ?

Non, les joueurs sont frustrés, déçus quand une mauvaise décision est prise. C'est normal. Il y a du respect. Je ressens cette reconnaissance. Quand vous prenez une mauvaise décision, on en est malheureux.